Faut-il s’inquiéter ou
se réjouir sur le fait qu’Ils pensent pour nous ? Ils, les robots, et plus
largement tous ces systèmes d’intelligence artificielle intégrés dans le
moindre appareil technologique que nous utilisons quotidiennement.
Ce printemps 2016 des
affiches promotionnelles fleurissaient dans la capitale pour inviter le passant
à se rendre à la Foire de Paris afin de rencontrer « Ceux qui pensent le
futur ». L’invitation attire le regard. Sur l’affiche, le Penseur de
Rodin, qui réfléchit à notre avenir, a subi une métamorphose. L’homo sapiens a
laissé place à … un robot humanoïde. Plus loin dans la vitrine d’un fleuriste,
est exposée en décoration la statuette d’un Bouddha. Mais là aussi le
changement est présent. Le Bouddha est représenté par un robot humanoïde.
Ces deux exemples
illustrent l’utilisation, en apparence anodine, de l’art sous ses différentes
formes d’expression pour véhiculer certains messages. A chaque fois, on peut
s’interroger sur l’objectif de remplacer l’être humain par une forme humanoïde.
Est-ce uniquement pour les créateurs de ces représentations la volonté
d’apparaitre comme porteur d’un message moderne en mettant en avant un aspect
technologique tel que robotisation ? Ou bien est-ce une manière de faire
accepter la technologie actuelle et futur en entrant dans le subconscient des
individus par la substitution de l’image de l’homme pensant par le robot
humanoïde pensant ?
Les informations
auditives et visuelles pour vanter les bienfaits de la technologie se
multiplient ces derniers mois. Un présupposé est régulièrement mis en
avant : « Nous aimons la technologie ». Et si ce n’est pas le
cas ? Un peu de patience. A force d’entendre et de voir ce type de
message, vous arriverez à l’aimer malgré vous. Et si vous appartenez à cette
catégorie d’irréductibles « anti-technologie », vous serez taxé de
personne rétrograde, contre le progrès et votre opinion perdra soudainement de
sa valeur car un second présupposé est implicitement ancré dans l’esprit de nombreuses
personnes : l’innovation est source de progrès.
Si l’innovation est
scientifique et/ou technologique, tout esprit critique semble annihilé et peu
de voix osent s’élever pour demander un temps de réflexion sur les impacts
qu’auront ces innovations sur la vie des citoyens. Ainsi sans faire face à
aucune résistance, la technologie de la robotisation s’est peu à peu fait une
place dans l’humanité reconnaissante d’avoir été remplacée pour des travaux
dits dangereux et répétitifs. Dans de nombreux domaines les créateurs ont
réussi à la rendre indispensable. Sans saute d’humeur, état d’âme, les outils
technologiques effectuent la tâche qui leur a été assignée sans rechigner, se
plaindre ou faire grève. De l’industrie, à la médecine, l’enseignement ou aux
services à la personne, ils sont présents partout. Aux rares voix qui s’élèvent
contre cette invasion silencieuse en arguant qu’ils prennent la place et le
salaire d’un être humain, il est rétorqué que la robotisation ne supprime pas
des postes de travail mais en crée de nouveaux.
Depuis plusieurs
décennies les robots accomplissaient des travaux pour l’humanité mais à présent
on nous annonce qu’ils vont penser pour nous. Dans le monde entier des
chercheurs travaillent sur une intelligence artificielle capable de rivaliser
voire dépasser l’être humain. Il est étrange dans le contexte social actuel
particulièrement tendu où les manifestations contre la loi travail « El
Khomri » se succèdent, où les chiffres des demandeurs d’emploi croissent
que personne n’ait lancé le débat sur la place occupée par la robotique dans le
monde professionnel. Mais peut-être que dans ce futur pensé par les robots, Ils
ont réfléchi à ce sujet pour nous…
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