mardi 23 août 2016

Ils pensent pour nous.

Faut-il s’inquiéter ou se réjouir sur le fait qu’Ils pensent pour nous ? Ils, les robots, et plus largement tous ces systèmes d’intelligence artificielle intégrés dans le moindre appareil technologique que nous utilisons quotidiennement.
Ce printemps 2016 des affiches promotionnelles fleurissaient dans la capitale pour inviter le passant à se rendre à la Foire de Paris afin de rencontrer « Ceux qui pensent le futur ». L’invitation attire le regard. Sur l’affiche, le Penseur de Rodin, qui réfléchit à notre avenir, a subi une métamorphose. L’homo sapiens a laissé place à … un robot humanoïde. Plus loin dans la vitrine d’un fleuriste, est exposée en décoration la statuette d’un Bouddha. Mais là aussi le changement est présent. Le Bouddha est représenté par un robot humanoïde.

Ces deux exemples illustrent l’utilisation, en apparence anodine, de l’art sous ses différentes formes d’expression pour véhiculer certains messages. A chaque fois, on peut s’interroger sur l’objectif de remplacer l’être humain par une forme humanoïde. Est-ce uniquement pour les créateurs de ces représentations la volonté d’apparaitre comme porteur d’un message moderne en mettant en avant un aspect technologique tel que robotisation ? Ou bien est-ce une manière de faire accepter la technologie actuelle et futur en entrant dans le subconscient des individus par la substitution de l’image de l’homme pensant par le robot humanoïde pensant ?


Les informations auditives et visuelles pour vanter les bienfaits de la technologie se multiplient ces derniers mois. Un présupposé est régulièrement mis en avant : « Nous aimons la technologie ». Et si ce n’est pas le cas ? Un peu de patience. A force d’entendre et de voir ce type de message, vous arriverez à l’aimer malgré vous. Et si vous appartenez à cette catégorie d’irréductibles « anti-technologie », vous serez taxé de personne rétrograde, contre le progrès et votre opinion perdra soudainement de sa valeur car un second présupposé est implicitement ancré dans l’esprit de nombreuses personnes : l’innovation est source de progrès.
Si l’innovation est scientifique et/ou technologique, tout esprit critique semble annihilé et peu de voix osent s’élever pour demander un temps de réflexion sur les impacts qu’auront ces innovations sur la vie des citoyens. Ainsi sans faire face à aucune résistance, la technologie de la robotisation s’est peu à peu fait une place dans l’humanité reconnaissante d’avoir été remplacée pour des travaux dits dangereux et répétitifs. Dans de nombreux domaines les créateurs ont réussi à la rendre indispensable. Sans saute d’humeur, état d’âme, les outils technologiques effectuent la tâche qui leur a été assignée sans rechigner, se plaindre ou faire grève. De l’industrie, à la médecine, l’enseignement ou aux services à la personne, ils sont présents partout. Aux rares voix qui s’élèvent contre cette invasion silencieuse en arguant qu’ils prennent la place et le salaire d’un être humain, il est rétorqué que la robotisation ne supprime pas des postes de travail mais en crée de nouveaux.


Depuis plusieurs décennies les robots accomplissaient des travaux pour l’humanité mais à présent on nous annonce qu’ils vont penser pour nous. Dans le monde entier des chercheurs travaillent sur une intelligence artificielle capable de rivaliser voire dépasser l’être humain. Il est étrange dans le contexte social actuel particulièrement tendu où les manifestations contre la loi travail « El Khomri » se succèdent, où les chiffres des demandeurs d’emploi croissent que personne n’ait lancé le débat sur la place occupée par la robotique dans le monde professionnel. Mais peut-être que dans ce futur pensé par les robots, Ils ont réfléchi à ce sujet pour nous…

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